« La Part des Anges » est la partie du volume d'un alcool qui s'évapore pendant son vieillissement en fût. Tout comme l’alcool, nos souvenirs comportent cette part volatile, une part incontournable. Mais une autre part peut aussi s’envoler faute d’avoir été remarquée, et racontée. C’est de cette Part des Anges là qu’il s’agira ici, ce que j’ai appelé ailleurs, à la suite de Georges Didi-Huberman, des Lucioles.
Françoise Tomeno
16 juillet 2013
Nicolas Angelich, Bach et les oisaux
Lumière douce de la Touraine au soir d'une journée qui fut chaude. Les vitraux des fenêtres du château de Chambord dessinent des petites lucioles bien ordonnées qui nous font signe dans cette belle cour. La musique de Bach s'égrène sous les doigts magiques de Nicolas Angelich. Moment de paix pour l'âme.
Nicolas Angelich est tout seul avec Bach, Bach est seul avec Nicolas Angelich. L'un et l'autre nous tolèrent cependant, et nous n'avons pas à nous en plaindre.
Les oiseaux accompagnent les deux amis qui jouent, c'est bien comme cela que l'on dit en musique, on joue. Les oiseaux dansent au dessus de nos têtes, le ballet se déploie, se replie, souple, tout en courbes, rencontres, éloignements, retrouvailles. Ca chante là-haut dès la première des variations Goldberg. Nul n'y trouverait à redire. Des nez se lèvent de temps en temps vers les amis chanteurs.
L'oeuvre avance, une heure et demie sans interruption. Une paix de l'âme qui dure une heure et demie, vous vous rendez-compte? Et puis vient le moment de la dernière variation, qui reprend la première. Cette si belle variation! Les oiseaux arrivent eux aussi vers la fin de leur sérénade, c'est l'heure où ils vont se replier vers leurs nids. Le hasard fait se rejoindre dans le même mouvement tous ceux-ci qui jouent ici pour notre plus grand plaisir, Nicolas Angelich, Bach, et les oiseaux.
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Françoise Tomeno
15 juillet 2013
Prise de becs
Françoise Tomeno
15 juillet 2013
Elles sont à deux pas de moi. Elles se battent comme des chiffonnières. Elles sont tellement occupées qu'elles ne me voient pas. Je suis tentée de prendre mon appareil photo pour immortaliser cet instant, mais quelque chose me retient, elles risquent de voir mon mouvement et cela pourrait interrompre l'événement; je ne bouge pas.
Elles se tiennent par le bec, elles ne se lâchent pas, elles tournent sur elles-mêmes. Deux messieurs les regardent passivement, semblant attendre l'issue de la rixe. Deux messieurs canards regardent passivement deux dames canes se battre près de la pièce d'eau du jardin publique.
À un signal qui m'échappe, mais il est vrai que je ne suis pas de cette espèce, la lutte cesse. Une dame rejoint les deux mâles et ils s'éloignent tous trois, elle a gagné, tandis que l'autre, qui a perdu, se retrouve seule.
Alors que je racontais cette histoire à une amie, et que je plaignais la pauvre dame cane esseulée, elle me dit: "C'est peut-être celle qui s'est retrouvée seule qui a gagné?"
Tout dépend du point de vue!
Ah, au fait: j'ai enfin compris d'où venait l'expression "prise de becs", et avec un "s", s'il vous plaît....
Ah, au fait: j'ai enfin compris d'où venait l'expression "prise de becs", et avec un "s", s'il vous plaît....
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Françoise Tomeno
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