Françoise Tomeno

Françoise Tomeno

22 novembre 2012

Fermez les yeux, écoutez

Il est des musiques qui nous tiennent lieu de luciole. Celle-ci sera la mienne, ces jours.
Fermez les yeux, écoutez.

Sonate Arpeggione Schubert Tharaud Queyras

19 novembre 2012

Météo locale, 9h, puis 10h.

9 heures: pas croisé le brouillard. S'était sans doute levé peu avant mon arrivée. Parti sans laisser de message. 
Zone des reflets: temps dégagé, luminosité sans plus, juste ce qu'il faut pour que ce soit agréable.



10 heures: croisé Léon, qui se dirigeait vers le bistrot, pour boire son rosé. Pas de brouillard de ce côté-là non plus. Temps dégagé et clair.
Prévision de petits bLancs de brouillard dans l'après-midi.
Risque de nappes épaisses dans la soirée et la nuit.

Prochain bulletin à l'occasion. En attendant, je vous souhaite un bon après-midi.

16 novembre 2012

Au matin


Françoise Tomeno
16 novembre 2012

Elle avait jeté autour de son cou sa grosse écharpe de brouillard. On apercevait juste un petit bout de sa peau, près de la rive, ridules où les beaux saules de Loire pouvaient venir pleurer leur reflet. Elle cachait sous la mousse laineuse de l’écharpe quelques traces couleur du temps qui passe, du temps passé.

Elle passait.

On aurait pu la croire lointaine, indifférente. Elle était simplement  sur son « quant à soi » de l’hiver, un peu fière peut-être.
J’aime cette expression « quant à soi ». Elle sonne comme une phrase inachevée. « Quant à moi, je….». « Quant à soi… », mais quel serait le sujet de la phrase ?

Je ne me suis pas aperçue tout de suite que j’avais ralenti le pas. Tout est venu en même temps, avec une grande acuité. L’atmosphère feutrée, la vision moins sollicitée, le regard libre de flâner, sans effort à faire pour distinguer. Elle offrait tout, le tout était parcimonieux.

Une ligne au lointain. Ligne d’oiseaux. On ne distinguait pas ce sur quoi ils s'étaient posés. Banc de sable? Rive opposée? Une des îles portées par le fleuve? Ombres au plus lointain, sans doute celle des arbres, et derrière eux la ville. Ombres des ponts qui enjambent la belle dame. Reflet estompé du soleil. 

Soudain un banc entier d'oiseaux se lance dans un ballet, le spectacle dure longtemps.

Et puis les hérons. J’avais appris les jours précédents leur silhouette. Je n’avais eu la chance de voir que les hérons cendrés. Aujourd’hui, cadeau. Le héron blanc était posé non loin d’eux. Je me suis arrêtée plusieurs fois, plusieurs fois longuement. Soudain, il a déployé avec une incroyable élégance ses très grandes ailes. On attendait un vol long, majestueux, qui irait se perdre au lointain. J’ai ri. Il a juste été se poser sur le gros caillou d’à côté, et retour au caillou du départ dans la minute qui a suivi. Au retour, ils étaient tous là, dans une grande tranquillité.

Le brouillard s'est levé au moment où je rejoignais la route. Brusquerie des bruits, du retour à la réalité, presque trop de soleil. L'impression de sortir d'un rêve. L'envie d'y retourner, à la première occasion.


11 novembre 2012

Lu hier

Lu hier le livre de Brigitte Fontaine, "portrait de l'artiste en déshabillé de soie". J'ai aimé, j'ai beaucoup aimé.

Quand vous aurez une heure devant vous.....

10 novembre 2012

Il faut essorer la lumière

Il est de bon ton, parfois, d'essorer la lumière, comme on essore son linge. 

Quand vous essorez votre linge, lorsque l'opération est terminée, il y a toujours du linge, il n'a pas disparu. Lorsque vous essorez la lumière, il reste des lueurs, douces, qui n'éblouissent pas, lucioles.

                                                                                                                                                                          
Pendant l'essorage



Après essorage




Le flou et le tailleur

En couture, on apprend "le flou et le tailleur". Deux techniques différentes. La technique du tailleur permet de réaliser des modèles à la coupe droite, près du corps, un peu stricts. Celle du flou permet de réaliser des vêtements souples, vaporeux, qui "tombent", comme on dit dans le métier, ou "qui ont un beau tombé". 
Les tissus du flou sont légers, souples: soie, mousseline, mousseline de soie, mousseline de coton ou organdi, crêpe, crêpe de soie, crêpe de Chine, taffetas, taffetas de soie, voile...

La vie nous habille plutôt en flou, même si, parfois, on peut avoir l'illusion qu'elle nous a fait une belle coupe tailleur, aux points de repères bien clairs.

Le tissu de la vie est le voile, qui bouge tout le temps, qui montre et qui cache, comme nos vies sont faites de ce qui apparaît de nous et de ce qui demeure caché, nos parties secrètes, mais aussi l'inatteignable de chacun de nous.

Françoise Tomeno
10 novembre 2012

04 novembre 2012

Le héron cendré

Il est un endroit du bord du fleuve où j'aime m'attarder. La vue y est dégagée, l'horizon y fait se rejoindre les deux lèvres du cours d'eau. Le regard s'aventure au delà, vers la source, dans l'ouverture supposée, à l'aveugle en quelque sorte. J'ai chaque fois que je passe par là le sentiment d'être invitée, ne serait-ce que pour un bref instant, à la contemplation.

C'était un de ces matins-là. Je goûtais le silence de ce que je voyais. 

J'ai été sortie de ma rêverie par un grand bruit d'ailes: c'était le héron cendré, qui venait de chiper, sous mes yeux, un de ses poissons à la rivière, et qui partait le déguster plus loin.

Françoise Tomeno
4 novembre 2012