Françoise Tomeno

Françoise Tomeno

20 août 2012

Le maître nageur, Bach et Vivaldi

Pendant la saison d'été, Elise va tous les jours à la piscine découverte de la petite ville la plus proche de sa campagne. Là, il y a Théo, le maître nageur. Théo connaît bien Elise, depuis longtemps, et  il sait qu'elle est musicienne; il lui a même fait le cadeau, cet hiver, de venir écouter l'ensemble vocal qu'elle dirige, et qui se produisait dans une église des environs.

Au tout début de l'été, Elise était  seule dans la piscine (elle arrive toujours pile à l'heure de l'ouverture, dans l'espoir qu'il n'y ait pas trop de monde dans l'eau; Elise aime sa tranquillité).

Elle commence ses aller et retour, et surprise: elle entend Bach, puis Vivaldi. C'est Théo qui lui faisait ce nouveau cadeau, et celui-ci, joli de chez joli!

Ceci veut dire que non seulement Théo a eu cette idée là ce jour-là, mais qu'il avait prévu le coup, puisqu'il avait dans ses réserves ces deux grands de la musique. Parce qu'il faut vous dire que la musique qu'il passe d'habitude, Théo, c'est celle du cours d'aqua gym, et ça ne ressemble pas vraiment à Bach et Vivaldi.

Vraiment joli.....






19 août 2012

J'aime les nuages

J'aime les nuages.
J'aime les nuages blancs

ceux qui absorbent la lumière éblouissante du soleil, la filtrent, nous la renvoient adoucie.  

J'aime les nuages du peintre Gerhard Richter.

Nuages Gerhard Richter



Victor HUGO

"L'encre, cette noirceur d'où sort une lumière"
Tas de pierres, 1856

"Une espèce de trou dans l'obscur, voilà ce que j'avais devant les yeux"
Le Promontoire du Songe


Exposition "Les arcs-en-ciel du noir: Victor Hugo", maison de Victor Hugo Paris 2012

09 août 2012

Un chat peut-il être une luciole?

Oui oui oui, je l'affirme, un chat peut, à certains moments, être une véritable luciole qui vous apporte un peu de calme.

Pensez à ces moments où ça s'agite un peu à l'intérieur de vous.
Attendez que votre chat non seulement dorme (ils dorment tout le temps), mais se soit abandonné au point de ne plus avoir cette fente de l'oeil vigilante, sur ses gardes (ce que le Docteur Oury appelle la "connivence"). Vous attendez bien ce moment. Vous vous approchez en douceur du susdit chat, que vous aimez bien sûr, et vous posez votre main sur lui, non sans lui avoir auparavant prodigué quelque caresse. 

C'est magique. Le temps que vous vous posez là, vous vous reposez là, quelque chose s'apaise en vous. Vous êtes en harmonie avec le calme de votre chat.

Vous me prenez pour une sotte?

Comme vous voulez, moi, je sais que c'est vrai.

Pas vrai, mon cher Nez-Jaune?




03 août 2012

Au marché de Riga

Le Chat Noir de Riga

L'histoire raconte qu'il y a un siècle, un marchand très prospère a été renvoyé de la puissante Grande Guilde des Marchands par un Allemand très chauvin. Pour se venger, il a ordonné que les chats surplombant sa maison soient tournés vers la Grande Guilde de façon à lui présenter leur arrière train, queue dressée. Le marchand a finalement été réintégré, après une longue bataille, et les chats ont retrouvé leur position initiale.


Petite Luciole des Pays Baltes

Françoise Tomeno
1er août 2012

Elle arrive du coin de la place, à pas très lents, le corps instable. Elle a environ 70 ans, ses cheveux blancs pendent sur sa tête qui penche en avant. D'une main, elle tient une canne, ou un parapluie, je ne sais pas; de l'autre, un sac. Je reste à la fenêtre, elle m'étonne, elle me touche. Elle met un temps fou à arriver.

Elle arrive. Elle est vêtue d'un pantalon bouffant bleu canard, d'une veste trois-quart en plastique noir.

Ses cheveux ne sont pas blancs, ils sont d'un beau blond doré. Ils pendent toujours, tristement, le visage penche toujours vers l'avant, le corps ballotte toujours de droite à gauche, au gré de la marche lourde. Les cheveux laissent apercevoir un visage jeune. Elle n'a pas soixante-dix ans; vingt, peut-être?

Combien pèse son âme pour que sa démarche soit si lourde?

Elle s'arrête, se tourne vers la porte de l'immeuble en face de la fenêtre où je suis accoudée. Avec peine, elle sort des clefs, toujours si lentement, accroche sa vie à la poignée pour pouvoir ouvrir. Elle entre, je la perds de vue. La porte met un temps fou à se refermer.

Je scrute les fenêtres d'en face, espérant lui en voir ouvrir une, la voir laisser entrer l'air, laisser flâner son regard. Ca me rassurerait. Et pourtant, je sais qu'elle ne le fera pas.

Qui êtes-vous, petite luciole des Pays Baltes? Quelle peine vous a saisie? Depuis combien de temps?

Je reste un moment à vous attendre. Ici, de l'autre côté de la rue, depuis la fenêtre de mon hôtel à touristes, je ne peux rien pour vous. Juste témoigner de votre existence. Juste dire que je vous ai vue passer, la lassitude enroulée autour de votre cou d'enfant à peine sortie dans le monde des adultes.

Petite luciole des Pays Baltes.