Françoise Tomeno

Françoise Tomeno

31 octobre 2012

Madame la Loire

Elle avait encore sur ses épaules, ce matin-là, ses chichis ses flaflas, ses fanfreluches, ses falbalas. Ses petites flammèches de brume, si caractéristiques de ses nuits d'automnes, qui flottent au dessus d'elle,  mousseline de soie.

Elle sortait tout juste de la nuit, elle avait fait la nuit.
Elle coulait avec nonchalance, tranquille, entrant tout doucement dans sa demeure du jour.

À peine quelques heures plus tard, il n'y paraîtrait plus rien. Resplendissante, pleine, elle aurait abandonné les traces de la nuit, offrant aux regards égarés par là sa douceur insolente.

Françoise Tomeno
31 octobre 2012

24 octobre 2012

Montparnasse, 6h45

Sans bien m'en rendre compte, je me dirige quasi machinalement vers le son. Gare Montparnasse, au petit matin. Un son de piano.

Je l'avais vu à la fin de l'été, le piano. Je pensais que c'était un rescapé de la sympathique initiative de la Ville de Paris, qui avait mis, du 22 juin au 9 juillet, 40 pianos à disposition dans la ville, dont certains dans des parcs et jardins.

Celui-ci semble avoir élu domicile dans la hall de la gare. Et de si bonne heure, un jeune homme joue. Il joue avec talent. Je m'approche, je m'installe, je veux dire: je me campe bien sur mes deux jambes, j'écoute, je regarde. Une toute jeune femme, accompagnée par une grosse valise, s'arrête, son visage s'épanouit. Des hommes arrivent, sacoche de travail à la main. L'un deux succédera au jeune homme. Un petit homme un peu tassé, un vieux sac en plastique un peu usé à la main, rejoint notre petite troupe d'écoutants, écoutant comme des enfants émerveillés de la surprise.

Matin d'automne, luciole, de quoi éclairer la journée.

Françoise Tomeno
24 octobre 2012

Sami, for ever....

Françoise Tomeno
24 octobre 2012

Il est là, face à nous, entre ombre et lumière. Il est vêtu d'un grand par dessus noir, les mains recouvertes de gants, noirs également, tout comme le sont aussi le sol et le fond de scène. Seul son visage est éclairé, d'une lumière blafarde. Elle s'arrondira en lumière plus douce peu après. 

Devant lui, un petit écran d'ordinateur, sur lequel il lit un très beau texte de Samuel Beckett, "Cap au Pire". On dirait que c'est l'écran qui lui éclaire le visage.

Le texte est un texte aride, où la langue hésite, se casse, renonce, dit sans dire, évoque, brise, soupire, se désarticule, bondit, rebondit, soupire encore, respire. 

Il habite ce texte avec humanité, lui donnant relief et corps. Les fins de phrase se dissolvent dans la pénombre. La douceur le dispute parfois à la violence, elle-même retenue, parfois, aussi.

Il est là face à nous, avec son incomparable présence et cette voix qu'un âge qui commence à avancer dans la vie n'a pas altérée.

Il est l'un de ces grands et rares acteurs qui savent incarner pleinement un personnage, habiter un rôle, tout en y maintenant leur âme, qui se donne à voir là en toute dignité. Laurent Terzieff était de ceux-là également.

Merci, Monsieur Sami Frey.

22 octobre 2012

La Grande Cocotte libérée!......

La grande Cocotte, première a avoir été libérée par le MLPL (Mouvement de Libération des Poules de Luxe, voir message ci-dessous), a choisi d'aller fêter ça au Café Comptoir. Elle a fini la soirée affalée sur l'étagère des enfants (quel exemple!). Le photographe était de la fête, un certain flou régnait sur la soirée.




MLPL

Le MLPL, Mouvement de Libération des Poules de Luxe, en appelle à votre conscience solidaire:

EXIGEONS LA LIBÉRATION 
IMMÉDIATE ET INCONDITIONNELLE 
DES POULES DE LUXE.


Barcelone oublié



"En commun, on n'a qu'une seule chose, la différence".

Fernando Vicente, Journée de rencontre "François Tosquelles et la décence ordinaire"
Association Continuo Ostinato. Nantes - Samedi 20 octobre 2012




18 octobre 2012

Dans l'entre-deux

Françoise Tomeno
16 juillet 2012

Lorsque l'on offre un cadeau à quelqu'un, il peut se trouver qu'on mette ce quelqu'un dans l'embarras. Le cadeau peut ne pas lui plaire du tout; ou bien être encombrant, pas le choix de réfléchir si le cadeau est recevable. Il peut mettre en dette celui qui le reçoit. Il peut précipiter un lien qui était tout juste en train de se faire. Il peut surprendre. Il peut flatter, et cependant gêner.

Je ne parle pas là des cadeaux "convenus" (au demeurant bien agréables), le bouquet  ou le livre lorsque l'on est invité à dîner.

L'offrande, elle, ne s'offre pas. On la dépose là, la divinité passera la prendre, ou pas. À certains moments de la vie, il faudrait avoir le courage de ne pas s'imposer avec son cadeau. Prendre le risque de l'offrande. Le risque que personne ne la remarque, ne la prenne. Une offrande nécessite, contrairement au cadeau, du travail de la part de celui qui décide de l'accueillir. Peut-être va-t-il, passant sur le chemin, ne pas la remarquer. Peut-être va-t-il la remarquer et passer son chemin. Peut-être va-t-il la remarquer, la distinguer (ce n'est pas pareil), décider de perdre un peu de son temps et l'examiner. Peut-être alors va-t-il décider de l'accueillir, de la "prendre à bras le corps" (j'aime beaucoup cette expression).

18 octobre 2012


Dans les semaines qui ont suivi ce premier texte, je me disais qu'il faudrait également parler du don.

Deux mois plus tard, un très cher ami, Thierry, avec qui j'ai partagé tant de bons moments dans nos temps de travail commun à la Clinique de Laborde, m'a invitée, sans même savoir que j'avais écrit quelques bricoles à ce sujet, à rejoindre un groupe qui réfléchissait précisément à cette notion de cadeau. C'était... cadeau!

Dans l'attente de la date à laquelle aurait lieu ce groupe, j'ai pensé qu'il faudrait y ajouter, également, l'emprunt, l'échange, mais aussi  cette drôle de chose qui fait qu'un jour, on se découvre un geste, une posture, qui nous viennent d'une ou d'un autre. De même, on peut découvrir que l'on a osé s'aventurer sur un territoire que l'on n'avait jamais abordé jusqu'alors, où l'on reconnaît, là aussi, l'empreinte d'une rencontre.

J'ai donc, un beau jour d'octobre, rallié ce groupe, aussi bigarré que chaleureux. La discussion a lieu autour d'une table bien garnie de ce que chacune et chacun a apporté, nous sommes déjà dans le thème. Jean-François nous gratifie d'une paëlla à sa façon, dont le souvenir va nous rester longtemps.

Nous prenons un peu de temps pour aborder ce qu'il en est du don. Ce serait, selon nous, le fait d'adresser à quelqu'un, qui compte pour nous, un objet qui nous appartient et que nous aimons beaucoup. Il s'agirait donc de "se départir" de quelque chose à quoi l'on tenait, pour l'offrir à quelqu'un à qui l'on tient... Cela n'engage pas de dette comme dans la situation du cadeau.

Un don particulier serait celui de la parole. Là, pas d'objet tangible. Avant d'apparaître, la parole articulée n'existe pas, sitôt apparue, donnée, elle disparaît (et c'est là qu'elle se distingue de l'écriture). On donnerait donc, en donnant de la parole, quelque chose que l'on n'a pas, que l'on invente sur le champ pour quelqu'un. Éphémère, la parole peut cependant laisser des traces, une empreinte.

L'emprunt: c'est quelque chose que l'autre ne vous donne pas, mais qu'il accepte de vous prêter. Si vous connaissez le "prêteur", vous vous engagez à lui rendre l'objet emprunté. Si ce que vous empruntez est du domaine public, extraits d'un livre, d'un texte, ou image, vous vous engagez moralement à citer vos sources. Ainsi, dans la page d'accueil qui préside à ce blog, j'ai emprunté, avec plaisir, la notion de "lucioles" à Georges Didi Hübermann, telle qu'il l'évoque dans son livre "La survivance des lucioles". Un emprunt qui signale une empreinte.

L'échange? C'est cadeau contre cadeau, don contre don, emprunt contre emprunt, etc...? Il faudrait y réfléchir un peu plus....

Enfin, cette drôle de chose, décrite ci-dessus, où l'on découvre en nous l'empreinte laissée par une rencontre, à l'insu des "acteurs"... Les psychanalystes pourraient relier cela à la question des identifications, mais on pourrait gagner en poésie en lui donnant un autre nom. Reste à en trouver un. Il s'agirait d'une trace, d'une marque qu'imprime, qu'a imprimé une rencontre. "Imprimé", au sens quasi typographique du terme. Celle, celui qui a laissé sa marque, ne l'a pas décidé, celle, celui qui s'est trouvé "marqué", "impressionné"(on est toujours dans la typographie, voire la photographie, et là il faudrait aller chercher du côté du révélateur, qui a révélé quelque chose qui sommeillait en nous),  celui-là donc, ne s'aperçoit qu'il a été "marqué" qu'après coup. Il s'agit donc bien d'une découverte, et il n'y a pas de dette. 
Si la rencontre en question se conjugue au passé, d'aucuns pourraient dire: "C'est ce qu'il en reste". Le mot est mal choisi; il ne s'agit pas d'un reste, mais de quelque chose qui demeure, y compris "en l'absence". Traces, tels le geste ou la posture, ou principe actif qui nous permet d'habiter des territoires jusqu'alors inexplorés. "Demeure", "la demeure". Contenant qui dessine un espace en creux, une case vide, demeure dans laquelle vient s'inscrire quelque chose de l'ordre, là aussi, de l'empreinte. 


En fait, cadeau, offrande, don, emprunt, empreinte, tout cela se situe, se déroule dans un "entre-deux", un écart. Seul cet écart permet le lien, tout en protégeant l'inatteignable qui gît en chacun de nous. Et c'est parce qu'il y a écart qu'il peut y avoir cadeau, offrande, don, emprunt, empreinte.

11 octobre 2012



DE BARCELONE À RIGA,
ON NOUS SIGNALE  
DES ÉVASIONS DE FEMMES EN SÉRIE






"Jeune fille s'évadant", Joan Mirò, Barcelone





 Au marché de Riga, celle-ci croyait pouvoir le faire discrètement














Et même depuis les balcons de Barcelone.....!











Quant à ces deux-là, elles hésitent encore à faire le pas.....